Maudit Graal by Anthony Horowitz

Maudit Graal by Anthony Horowitz

Auteur:Anthony Horowitz [Horowitz, Anthony]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2013-10-12T04:00:00+00:00


9

Remise des prix

La Rolls Royce orange filait sur l’autoroute à cent cinquante kilomètres à l’heure, sans se soucier des autres voitures qui klaxonnaient, faisaient des embardées ou percutaient le bas-côté pour l’éviter.

« Ne devrais-tu pas rouler sur la file de gauche, mon chéri ? s’enquit Mme Eliot.

— Ne dis pas de bêtises ! rétorqua M. Eliot en l’aiguillonnant avec l’allume-cigare. Nous faisons partie de l’Europe, maintenant. Je roule à droite en France et en Suisse. Je ne vois pas pourquoi je n’en ferais pas autant ici ! »

Mme Eliot battit des faux cils en voyant un camion remorque tracer un Z au milieu de la route, le klaxon hurlant à plein tube.

« Je crois que je vais être malade, gémit-elle.

— Alors, mets la tête à la fenêtre ! aboya M. Eliot. Et, cette fois, n’oublie pas de baisser la vitre. »

Edward et Eileen Eliot roulaient en direction de Norfolk, dans leur Rolls Royce spécialement aménagée. (M. Eliot l’avait choisie orange pour aller avec le macaron de grand invalide collé sur le pare-brise.) M. Eliot ne pouvait pas marcher. Son handicap aurait suscité la pitié s’il n’avait pas toujours détesté marcher : il préférait de beaucoup se déplacer en fauteuil roulant. Edward Eliot était un homme petit et rond, avec plus de poils dans les narines que sur le crâne. Eileen, sa femme, mesurait trente centimètres de plus que lui, mais elle était affublée de tellement d’attributs factices (cheveux, dents, ongles, cils) que l’on devinait à peine à quoi elle ressemblait vraiment.

M. et Mme Eliot n’étaient pas seuls dans la voiture. Une petite femme, toute ratatinée dans sa robe en coton beige, se tassait sur la banquette arrière. Elle avait le teint très pâle, les dents de travers, et du crin de cheval à la place des cheveux. Mildred Eliot était la sœur de M. Eliot. Après onze ans de mariage, son mari s’était récemment résigné à mourir d’ennui. Pendant les obsèques, sa veuve n’avait pas cessé de bavarder, jusqu’à ce qu’un croque-mort la fasse taire d’un coup de pelle.

« Qu’est-ce que c’est que ce drôle de bruit, Edward ? demanda-t-elle alors que la voiture quittait l’autoroute, empruntait un sens interdit et grillait un feu rouge.

— Quel bruit ?

— Ce doit être le moteur, pouffa Mildred d’un air dédaigneux. Personnellement, je n’ai aucune confiance dans les voitures anglaises, poursuivit-elle de sa petite voix geignarde. Elles marchent mal. Tu aurais mieux fait d’acheter une de ces merveilleuses voitures japonaises, Edward. Les Japonais savent fabriquer des voitures, eux, au moins. Pourquoi…

— Les voitures anglaises marchent mal ? s’étrangla M. Eliot en braquant violemment le volant (ce qui eut pour effet de projeter la voiture sur le trottoir). Je te rappelle que c’est d’une Rolls Royce dont tu parles ! Tu sais combien coûte une Rolls Royce ? Des millions ! Lorsque j’ai acheté ma première Rolls, je me suis privé de manger pendant un mois et je n’ai pas eu les moyens d’acheter de l’essence pendant trois ans !

— Moi, je trouve que ça marche très bien », déclara Mme Eliot.



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